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Sur la plage ensoleillée…

Un coquillage. L’objet évoque les plages, le sable, les tropiques même, il donne des envies de voyage. Et ce n’est pas nouveau ! Dès le XVIème siècle, les princes et les puissants ont voulu posséder ces créateurs de rêve, ces merveilles de la nature appelées naturalia.

Évidemment ce ne seront pas de vulgaires coquilles au naturel que vous trouverez dans les palais et belles demeures. Non, les nautiles et autres escargots de mer sont montés et travaillés par les orfèvres pour devenir parfois de véritables sculptures purement décoratives. Toutes les collections d’origine royale ou princière en conservent de fabuleux exemples, tel celui-ci propriété aujourd’hui de la couronne d’Angleterre. L’objet provient de Nuremberg, ville libre et réputée pour le talent de ses orfèvres en la matière. Mais le coquillage lui, a fait, un plus long voyage.

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Nikolaus Schmidt – Coupelle de nautile (vers 1600)
52 x 24 x 17 cm – 3946 g
Royal Collection Trust

Ces coquillages issus des océans Indien et Pacifiques suivaient des routes commerciales bien établies. Il s’agissait souvent de voies maritimes tenues par les Portugais, grand peuple de marins. Leurs navires approvisionnaient l’Europe de ces précieuses coquilles recherchées pour orner les Kunstkammer, les cabinets de curiosités des princes. Nuremberg, grande ville de l’orfèvrerie possédaient des accords avec les portugais et se fit une petite spécialité de ces coquillages montés pour en augmenter encore la valeur. Les orfèvres travaillaient le coquillage, le décapaient, ne gardant que très rarement son aspect tigré naturel, pour faire ressortir les merveilleuses irisations du nacre.

Produit de la mer, le nautile est souvent associé à des références aquatiques. Dauphins, navires, tritons peuplent les montures. Ici, le tout repose sur un ensemble de sirènes musiciennes et pour le pied, il ne s’agit rien de moins que de Neptune, le dieu des océans qui porte à bout de bras la précieuse coquille. Le couvercle lui, sert de trône à Jupiter, juché sur son aigle et qui semble nous menacer de son foudre. Le pouvoir, le pouvoir sur la mer et le ciel évoquent les ambitions du propriétaire de l’objet. D’ailleurs si celui-ci est capable de faire venir dans son palais de telles merveilles, n’est-ce pas parce qu’il possède ce pouvoir justement ? Ou en tout cas un certain statut social. Car dès la fin du XVIème siècle, il était devenu habituel de collectionner ces objets, non plus réservés à une élite politique, mais accessibles à tout bourgeois à la bourse bien remplie. C’est sans doute le cas de ce nautile dont on suppose qu’il appartenait à la famille Peller, l’une des plus riches de Nuremberg. Exhiber dans son intérieur un coquillage monté, surtout de la taille de celui-ci, était une manière évidente de montrer à la fois sa richesse, son raffinement et l’étendue de ses relations commerciales. De quoi en imposer avec élégance.

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