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Artemisia Online - Article

À la recherche du royaume de Gerrha

La péninsule arabique est un territoire d’une grande richesse archéologique encore méconnu. Au premier millénaire avant notre ère, la région était sillonnée par les caravanes de marchands en direction de la Méditerranée et parsemée d’oasis. Elle fut le berceau de royaumes florissants qui s’enrichirent grâce au commerce de la myrrhe et de l’encens.  Une cité

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La péninsule arabique est un territoire d’une grande richesse archéologique encore méconnu. Au premier millénaire avant notre ère, la région était sillonnée par les caravanes de marchands en direction de la Méditerranée et parsemée d’oasis. Elle fut le berceau de royaumes florissants qui s’enrichirent grâce au commerce de la myrrhe et de l’encens. 

Une cité prospère, quelque part sur la côte orientale de la péninsule arabique, aux marges des mondes hellénistique, parthe et sassanide, est mentionnée par plusieurs auteurs latins comme Pline l’Ancien, et par plusieurs auteurs grecs comme Diodore de Sicile, Strabon, Polybe ou encore Ptolémée. Ce royaume nommé Gerrha, le plus riche de la péninsule arabique avec le royaume de Saba, était connu dans tout le monde antique pour sa richesse. 

Une cité caravanière importante

Les habitants de Gerrha devaient leur richesse à la maîtrise des deux grandes routes caravanières, celle menant vers la Mésopotamie et l’autre vers le Levant, puisqu’ils commerçaient de l’encens à Petra chez les Nabatéens.  Cette importante cité commerçante à l’époque hellénistique et romaine jouissait d’une position stratégique sur les routes commerciales de l’époque, au croisement d’importants itinéraires caravaniers transarabiques, et à proximité immédiate des étapes de cabotage du Golfe. L’antique et riche cité de Gerrha constituait manifestement un carrefour commercial de première importance entre l’Arabie du Sud, la Mésopotamie, le Levant et l’Inde. À partir du IIIème siècle av. J.-C., cette cité était probablement la capitale d’un des petits royaumes d’Arabie orientale mais elle fait aujourd’hui partie des cités dont nous avons perdu la trace. Sa localisation précise fait l’objet de débats. 

Le site de Thâj en Arabie saoudite

L’hypothèse retenue par beaucoup de chercheurs est que Gerrha correspondrait au site de Thâj, situé au nord-est de l’Arabie saoudite, car il s’agit du plus grand site préislamique connu dans la région qui conserve d’importants vestiges archéologiques. Le site, occupé entre le IVème siècle av. J.-C. et le IVème siècle apr. J.-C., se compose d’une grande ville fortifiée d’environ 40 hectares enserrés par un puissant rempart, d’un vaste faubourg d’une quinzaine d’hectares au sud-est et d’une vaste nécropole périphérique d’un millier de tertres funéraires, d’un diamètre allant jusqu’à 60 m. 

La petite princesse d’Arabie

En 1998, un groupe d’archéologues saoudiens du Musée régional de Dammam fouillèrent un grand tumulus menacé par la construction d’une route moderne, près du village actuel de Thâj. Ils découvrirent une tombe à ciste contenant les ossements d’une fillette, accompagnée d’un dépôt funéraire impressionnant par sa richesse. Inhumée comme une princesse, la petite fille était allongée sur un lit funéraire en bois couvert d’un placage de plomb et de bronze orné. Quatre statuettes de femme de style classique formaient les pieds du lit et certaines appliques circulaires en or étaient gravées à l’effigie de Zeus. Les archéologues trouvèrent un gant et un masque en or représentant un visage aux traits simples qui couvrait le visage de la petite fille. Elle portait trois bandeaux en or sur le dessus de la tête, un collier de dix-huit perles en or et deux colliers rehaussés de rubis, de perles et de turquoises, l’un deux avec un camée représentant un visage. Elle portait également une paire de boucles d’oreilles, deux bracelets et deux bagues en or serties d’un rubis gravé, l’un montrant le profil d’un personnage portant un casque, l’autre représentant peut-être la déesse Artémis. Ces objets prouvent que la région entretenait des contacts avec le monde méditerranéen hellénistique et romain. Cette découverte s’est poursuivie par une fouille programmée de la nécropole et des campagnes de fouilles furent menées entre 1998 et 2003 dans la zone. 

Mission archéologique à Thâj 

Depuis 2016, le site fait l’objet d’un programme de fouille international codirigé par Jérôme Rohmer (CNRS, UMR 8167), Ahmad al-Jallad (université de Leyde, Pays-Bas) et Ibrahim al-Mshabi (Saudi Commision for Tourism and National Heritage). C’est un site important pour comprendre l’histoire de l’Arabie orientale et plus largement l’histoire du commerce à longue distance et des échanges dans l’Antiquité. Dans l’état actuel des recherches, Thaj est le site antique le plus vaste connu en Arabie orientale, sur les rives arabes du Golfe. Toutefois, rien ne nous dit qu’il n’y ait pas d’autres agglomérations antiques enfouies sous le sable dont nous ignorons l’existence. Une multitude de sites disparus n’ont probablement pas encore été découverts. 

Collier à pendentif orné d’un camée
Ier siècle apr. J.-C.
Or, perle fine, rubis, turquoise
L. : 38,5 cm ; Diamètre du disque : 5 cm
Thâj, Tell al-Zayer
Riyâd, Musée national, 2059

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Mission archéologique de Thâj (Arabie saoudite)

https://www.aibl.fr/fouilles-archeologiques/labels-archeologie-2020-2021/article/mission-archeologique-de-thaj-2744

Image de Fanny Laruaz

Fanny Laruaz

Fanny Laruaz a fait des études d’histoire de l’art à l’Université Paris Nanterre avec une spécialité en art médiéval. Son sujet de recherche en Master portait sur l’étude de manuscrits enluminés du XVème siècle. Elle compléta ensuite son parcours universitaire avec des études d’archéologie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne durant lesquelles elle étudia l’Arabie préislamique. Titulaire de la carte de guide conférencière depuis 2014, elle anime depuis plusieurs années des visites guidées et des conférences sur l’art et l’histoire de l’Orient et l’Occident aux périodes antique et médiévale.
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